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Subvention des carburants : Entre fardeau budgétaire et nécessité de réformes

 

A fin juin 2024, près de 73 % des subventions en Tunisie sont destinées aux hydrocarbures, exerçant une pression importante sur le budget de l’État. Alors que le gouvernement est confronté à la nécessité urgente de réformer cette politique, la question demeure : comment réduire le fardeau financier sans affecter le pouvoir d’achat des citoyens et compromettre la stabilité sociale ?

La Tunisie consacre une part significative de ses ressources financières à la subvention des hydrocarbures, une politique qui, si elle soutient l’économie et les ménages, pèse lourdement sur le budget de l’État.

A fin juin 2024, environ 73 % des dépenses de subvention, inscrites dans le budget de l’État pour l’année en cours, étaient destinées au secteur des hydrocarbures, une situation  de plus en plus intenable. Les appels à une réforme de cette politique se multiplient, mais toute transition doit être menée avec précaution pour éviter de pénaliser les citoyens, notamment ceux issus de la classe moyenne.

Un fardeau budgétaire croissant

Avec un total de 11.337 millions de dinars alloués aux subventions pour l’année 2024, la Tunisie a prévu une somme légèrement inférieure à celle de l’année précédente, qui était de 11.475 millions de dinars. Sur ce montant, 7.086 millions de dinars sont spécifiquement destinés au soutien des hydrocarbures, contre 3.591 millions de dinars pour les produits de première nécessité et 660 millions de dinars pour le secteur des transports. Ces chiffres soulignent la priorité accordée à l’énergie fossile, ce qui alourdit la charge financière de l’État.

Le coût élevé des subventions aux carburants expose également le budget de l’État aux variations des prix mondiaux du pétrole, augmentant ainsi le risque financier pour le pays. À mesure que les prix de l’énergie fluctuent, les dépenses publiques consacrées aux subventions peuvent augmenter de manière imprévue, exacerbant les déficits budgétaires et alourdissant la dette publique. Cette situation crée un cercle vicieux où l’État est contraint de consacrer une part croissante de ses ressources à maintenir des subventions, au détriment d’investissements dans d’autres secteurs cruciaux tels que l’éducation, la santé et les infrastructures.

La nécessité de réformes urgentes

La situation actuelle appelle à des réformes urgentes pour alléger le fardeau budgétaire des subventions. Une réduction progressive et bien planifiée des subventions aux hydrocarbures pourrait libérer des fonds pour d’autres investissements stratégiques, tout en incitant à une utilisation plus rationnelle de l’énergie et en favorisant le développement des énergies renouvelables. Toutefois, les décideurs sont confrontés à un défi de taille : comment procéder à ces réformes sans provoquer une hausse des coûts de la vie, particulièrement pour les classes moyennes et les plus vulnérables?

En effet, cette catégorie de la population, qui constitue le cœur de la société, est particulièrement exposée aux conséquences des hausses de prix des carburants. Toute augmentation des prix des hydrocarbures se répercute directement sur les coûts des transports et des produits de consommation courante, érodant ainsi le pouvoir d’achat des ménages. Cela peut entraîner des tensions sociales, surtout si les citoyens perçoivent que les réformes sont menées au détriment de leur bien-être économique.

Ainsi, la transition vers une politique énergétique plus durable doit être accompagnée de mesures d’accompagnement social. Des mécanismes de compensation ou des aides ciblées pourraient être envisagés pour protéger les segments de la population les plus affectés par la réduction des subventions.

Vers une transition énergétique durable

Dans le cadre de ses efforts pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, la Tunisie a lancé en 2023 le projet « Intensification de l’adoption de la mobilité électrique en Tunisie », financé par le Fonds pour l’environnement mondial. Ce projet, qui s’étend de mai 2022 à avril 2027 avec un budget de 13 millions de dollars, vise à promouvoir l’utilisation de véhicules électriques. Selon une étude du ministère de l’Environnement, la circulation de 50.000 voitures électriques à l’horizon 2025, et de 130.000 d’ici 2030, pourrait permettre une réduction de la consommation de pétrole de 5,9 millions de barils d’ici 2030, représentant une économie de 660 millions de dollars en importations d’hydrocarbures fossiles sur la période 2020-2030.

En outre, cette transition contribuerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en évitant l’émission de 2,2 millions de tonnes équivalent pétrole de dioxyde de carbone, ce qui aurait un impact positif sur l’environnement et la santé publique en Tunisie.

Cette initiative s’accompagne d’efforts significatifs pour améliorer l’infrastructure dédiée à la mobilité électrique, notamment en développant des réseaux de bornes de recharge accessibles et efficaces à travers tout le pays.

Parallèlement à ces efforts, le projet met l’accent sur l’accélération de la promulgation d’un cadre juridique clair et complet régissant la recharge des véhicules électriques. Ce cadre législatif est essentiel pour créer un environnement propice à l’essor de la mobilité électrique, en donnant des directives claires aux investisseurs, aux constructeurs automobiles et aux utilisateurs finaux. Il est crucial aussi de garantir que la transition vers des véhicules plus écologiques se déroule de manière fluide et réglementée, tout en répondant aux besoins de la population et en respectant les engagements environnementaux internationaux.

Ceci pour dire que la politique de subvention des carburants en Tunisie représente un défi complexe, combinant des considérations économiques, sociales et environnementales. Si elle constitue un soutien essentiel pour l’économie et les ménages, elle pèse lourdement sur le budget de l’État et entrave le développement d’une politique énergétique plus durable.

Les réformes envisagées doivent donc équilibrer les besoins de réduction des dépenses publiques avec la protection des citoyens. Seule une approche équilibrée et inclusive permettra de réussir la transition vers un modèle énergétique plus résilient et durable.

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